LES MUSICIENS
qui ont été en charge d'entretenir et perpétuer la tradition musicale en la Basilique -
De César Franck à Olivier Penin
Sources:
« La tradition musicale de la basilique Sainte-Clotilde de Paris in: L’Orgue n° 278-279 (2007/II-III) 163-176 ISSN 0030-5170
« Ste Clotilde, 40 années Post-Conciliaire (1968-2008) par Jean Tranchant
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L’ESCALIER-GALERIE SAINTE CLOTILDE
L’accès à la console située sur la première tribune se fait depuis
l'intérieur de la basilique via un escalier conçu par Gustave
Eiffel.
Depuis 2019, il abrite une exposition de photos anciennes, de
gravures et de dessins relatant l'histoire du Grand-Orgue ainsi
que la galerie de portraits des anciens organistes titulaires.
quelques anecdotes savoureuses
concernant la vie musicale à Sainte Clotilde
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Interdite de tribune …
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Jean Sébastien Bach à Ste Clotilde …
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Eh bien, sortez, cher monsieur …
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La police à Ste Clotilde …
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Un organiste amoureux de son orgue …
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Les louanges dithyrambiques de curé …
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Un maitre de chapelle qui aimait le conflit …
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Une anecdote que ne manque pas de saveur ...
Une anecdote que ne manque pas
de saveur ...
A cette époque, l’organiste du Grand-
Orgue devait alterner le Plain-Chant
avec la Maitrise, pour l’Ordinaire de la
Messe, en improvisant sur les versets
paires (Gloria, et Credo). Un jour
Pierné déclara à ses auditeurs "Un
peu de sauce autour, avec force
poivre, sel et piment et ainsi le plat
de résistance n’en sera que plus
nutritif ! » en préparant sa
registration !
Maurice Emmanuel fut Maitre de chapelle de la Basilique de
1904 à 1907. En ce début du XXème siècle, Sainte Clotilde est une
paroisse « aristocratique » où les paroissiens étaient accoutumés
à obtenir tout ce qu’ils voulaient. La mode était alors à la
musique « mondaine » lors des mariages et des convois au grand
dam de Maurice Emmanuel.
Très vite, il fut bien décidé à imposer ses idées, ne faire exécuter
que le chant grégorien sans accompagnement ou bien des
motets polyphoniques de la Renaissance et se heurta vite aux
paroissiens issus de la bourgeoisie du Faubourg St Germain qui
préférait les airs d’opéras profanes aux motets de Bach et de
Palestrina pour les casuels.
Fervent partisan du retour au grégorien ancien, prenant le
contrepied de la théorie Solesmienne, il réussi à entrainer dans la
fronde plusieurs paroisses dans ses idées, au grand désespoir du
clergé « Voilà Ste Clotilde gagnée, la Madeleine va se rendre et la
paroisse St Augustin finira, comme son patron, par se convertir »
Lettre datée du 1er novembre 1904
« Ce temple est mon pays, je n’en connais d’autre » A l’occasion d’une
messe dite pour César Franck, le curé de la basilique Mgr Gardey (1883-
1914) emprunta volontiers ce vers de Racine, pour décrire l’attachement
de Franck à sa basilique et son orgue. Quelques années plus tard, le 22
avril 1904, lors de l’inauguration du monument dédié à Franck, dans le
square il attribua volontiers Franck comme « Le plus grand, qui était
comme pénétré de Dieu »
Lors des funérailles du Maitre de Chapelle Samuel Rousseau, le 4 octobre
1904, il rendra à nouveau un hommage au « Maitre Séraphique » lors de
l’éloge funèbre « C’est, Messieurs, l’heureuse fortune de notre église que
les cinquante premières années de son existence aient été illustrées par
deux Maitres incomparables. L’un, le maitre, celui-là, pour qui la gloire a
déjà commencé. Je n’ai pas besoin de le nommer, son nom est sur
toutes les lèvres, en attendant le jour prochain où nous l’exalterons
encore ; l’autre, le disciple préféré, Samuel Rousseau sous le manteau de
gloire de César Franck, Sainte Clotilde, la patronne de cette basilique, les
couronnant tous deux avec amour »
Très attaché à « son » orgue,
Charles Tournemire
entretenait avec lui une
véritable relation mystique,
qu’il décrira dans ses
Mémoires comme « Mon cher
compagnon fidèle, confident
de mes douleurs et de mes
joies, je vais donc, à la grande
terreur des paroissiens de Ste.
Clotilde, te retrouver, oublier la
vie terrestre...C’est cela que tu
me donneras, comme par
magie. »
Mémoires de Charles Tournemire,
Page 71
Les enregistrements originaux de Charles Tournemire, gravés
sur disque 78 tours par la firme Polydor, ont été réalisés entre
avril 1930 à décembre 1931, pendant la nuit, de 22 heures à 3
heures du matin, afin d’éviter le maximum de bruits extérieurs. Il
faut replacer le travail d’enregistrement dans son contexte. A
cette époque, l’enregistrement d’œuvres d’orgue était
totalement novateur et ne furent pas moins problématiques au
niveau technique … L’accès à la tribune se faisait encore par
l’extérieur de la Basilique et l’exiguïté des escaliers qui
conduisaient à l’orgue furent problématiques pour les
techniciens. L’activité nocturne était tellement intensive et
insolite à l’époque que l’équipe des techniciens fut interpellée
par une patrouille de police qui pensait avoir affaire à des
cambrioleurs !
Le dimanche matin, lors de la grand’messe de
11h, Charles Tournemire aimait bien recevoir un
certain nombre de personnalités mondaines à
la tribune. Un jour, un maitre de chapelle d’une
paroisse parisien était de passage. Lors de la
sortie, Tournemire était dans un passage
absolument mystique, pianissimo, mystérieux,
sur le Bourdon du Récit et ce maître de
chapelle eut la mauvaise idée de lui dire : « C'est
la sortie. ». Tournemire ne répondit pas et ce
dernier lui répéta une seconde fois : « C'est la
sortie ». Cette fois, Tournemire se redressa et lui
a répliqua tout bonnement : « Eh bien, sortez,
cher Monsieur! »
Franz Liszt ne manquait pas d’aller jouer
l’orgue de Ste Clotilde lorsqu’il était de
passage à Paris. Un jour, César Franck
était invité à improviser lors de son
passage. Après l’audition, Liszt le saisit
dans ses bras et l’embrassa en criant «
Je viens d’entendre Jean-Sébastien
Bach ».
Henriette Puig-Roget (1910-1992) fut
assistante de Charles Tournemire à Ste
Clotilde en 1929, année où Daniel Lesur
effectua son service militaire. A l’époque
Tournemire jouait uniquement le
dimanche et fêtes et avait horreur de
jouer les casuels.
A cette époque, il n’était pas simple d’être
organiste pour une femme. Le chanoine
Verdie, curé de la Basilique de 1914 à 1946,
ne voulait pas de femme à la tribune et
c’est ainsi que madame Puig-Roget se fit
passer pour « monsieur Roget ». Elle
portait alors le pantalon et évitait de se
montrer à l a sacristie jusqu’au jour où la
supercherie fut découverte. A partir de ce
jour les femmes furent acceptées au
grand-orgue.